31 janvier 2009
Le gracieux sourire
C'est une femme de grande taille ; elle porte une tunique de toile simple sur une robe de soie à fleurs. Son allure porte à penser qu'elle doit être la fille d'un prince, l'épouse d'un haut dignitaire, la soeur d'un riche héritier. Ses doigts sont blancs et délicats comme les jeunes pousses de bambous, sa peau blanche comme la lumière du soleil matinal, son cou blanc et long comme celui d'un cygne, ses dents blanches et régulières comme les perles de son collier, son front large comme celui de la cigale, ses sourcils minces et arqués comme les antennes du bombyx.
Un gracieux sourire embellit ses joues ; ses beaux yeux brillent d'un éclat tel que je suis ébloui et dois fermer les miens.
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29 janvier 2009
Les pièces de soie
Comme un homme simple et sans malice, il lui apportait de temps en temps une pièce de soie, en prétextant vouloir l'échanger contre du fil de soie. En réalité, il ne venait pas pour acheter du fil, mais pour lui faire des propositions. Il a voulu un jour l'emmener traverser la rivière K et aller jusqu'à Y. C'était vers la fin du printemps. Elle lui a demandé de reporter ce projet à l'automne. Alors ils se sont quittés.
L'automne arrivé, pendant qu'elle l'attendait en surveillant impatiente son arrivée, il se dépéchait de retourner la voir avec une nouvelle pièce de soie. Elle lui sourit et lui demanda de consulter les augures : « si leurs réponses ne sont pas défavorables, tu amèneras ta monture, et tu me conduiras à nouveau vers la rivière K ».
Les feuilles du mûrier paraissent onctueuses, jusqu'à l'époque où elles commencent à tomber. Ainsi la beauté dure au moins tout le temps de la jeunesse. Puis, les feuilles du mûrier jaunissent et tombent quand le temps est venu. Ainsi la beauté et la jeunesse se flétrissent.
L'eau de la rivière K est maintenant si haute qu'elle ne peut plus être traversée aussi facilement qu'avant et les marécages sont devenus si impraticables que la rivière ne peut pas même être approchée. Quand le temps le permettait encore, ils se réjouissaient ensembles ; ils parlaient, riaient dans une concorde parfaite. Ils s'étaient juré fidélité.
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27 janvier 2009
L'ermite chantant
Dans la vallée au bord de la rivière W. un drôle de type bat la mesure en frappant son écuelle avec une cuillère qu'il a taillée dans du bois de cyprès. Il parle tout seul et jure que jamais il ne renoncera à ce bonheur de frapper en cadence, là, au fond de la vallée, à écouter l'écho lui rendre sa musique. Ce drôle de bonhomme a construit plus haut son refuge dans une anfractuosité de la falaise. Son coeur s'y trouve au large. Il dort là, veille là, et chante tout seul. Il jure que jamais il ne pourra trouver un plus grand bonheur.
Ce gars étrange a construit sa hutte dans le flanc de la montagne. Elle est si étroite que pour se mettre totalement à l'abri il doit se tenir replié sur lui-même. Il dort, veille et se repose tout seul. Il jure que jamais il ne dira à personne où se trouve ce bonheur auquel personne ne peut contribuer.
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25 janvier 2009
Les appartements secrets
Sur le mur croît une plante grimpante agressive ; on ne peut l'en arracher sans nuire au mur tellement elle s'acharne sur cette paroi. L'observation de l'histoire des appartements intérieurs ne peut être entreprise ; pourtant ce qu'on en pourrait raconter ne serait pas joli joli. Une plante épineuse croît sur le mur ; on ne peut l'enlever sans se blesser. Elle protège ce qui se passe dans les appartements secrets ; on ne peut en dire plus que ce qui s'en dit ; ce qu'on tente d'en raconter est bien maigre.
Une plante grimpante et épineuse croît sur le mur ; on ne peut ni l'enlever ni la dégager pour voir ce qu'elle cache. L'histoire des chambres intérieures ne peut être révélée ni répétée.
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24 janvier 2009
La robe blanche
Destinée à demeurer jusqu'à la mort avec son prince comme compagnon, la tête parée d'une tresse de cheveux empruntés, de deux épingles d'argent et de six pierres précieuses, elle marche d'un air calme, avec la gravité d'une montagne et la majesté d'un fleuve. Mais que lui servent sa parure et sa beauté ? Ses longs cheveux noirs fixent les regards.
Oh ! N'est-ce pas un esprit céleste, n'est-ce pas une déesse ? Sa robe blanche couvre une tunique de fine toile frisée retenue d'une ceinture. Cette jeune personne aux yeux brillants, au front large et aux pommettes bien remplies est vraiment la plus belle de la principauté.
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