18 janvier 2009
Le bon geôlier
Je me vois voyager rapidement et presser la course de mes chevaux ; je veux fouler le sol gras et herbeux de la plaine, et retrouver la liberté. A force de presser mes coursiers, je suis déjà loin, et j'espère continuer ainsi longtemps. Mais le maton s'approche et le bruit de ses clefs me ramène dans cette cour poussièreuse.
Mon bon maton, puisque tu n'approuves pas ma détermination à te quitter, je me retrouve obligé de rester à tes cotés. Mais, malgré ton opposition, la pensée de la fuite ne me quittera pas. Puisque tu n'approuves pas ma détermination à te quitter, je ne puis plonger dans les eaux fraiches de la rivière W. et traverser ses eaux limpides pour retouner dans mon pays. Mais, malgré ton opposition, je ne cesserai de penser à ce long voyage de retour.
J'ai gravi cette colline parmi les plus élevées ; j'y ai cueilli des fruits qui ont décuplé mes forces. Les habitants de ce pays me blâment ; ils sont tous jeunes et inconsidérés. J'ai traversé cette plaine, où le blé était déjà grand ; j'y ai conquis des soutiens puissants. Qui s'opposera à leur appui ? Qui bravera leur recours ?
Toi, grand geôlier, et vous tous, habitants d'ici, cessez de me blâmer : je m'évaderai. Tous vos plans ne valent pas la force de mon dessein de retourner libre dans mon pays.
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16 janvier 2009
Les plantations de mûriers
A l'époque de l'année où la constellation de l'oiseau de paradis est visible aussitôt après la tombée de la nuit, il commença la construction de son palais. Après avoir déterminé les points cardinaux par l'observation de la couse du soleil, il fit construire les bâtiments des ailes est et ouest. Il planta tout autour des agrumes et des châtaigniers afin que les fruits fussent disponibles pour les offrandes ; il planta aussi des catalpas de trois espèces et des sumacs afin que le bois servît à faire des luths et des cithares. Avant de prendre la décision de construire le bâtiment principal, il monta sur la plus haute levée de la plaine pour examiner de loin le site du palais. Il en fixa l'orientation en observant les ombres des montagnes occidentales et des collines septentrionales. Redescendu dans la plaine, il rechercha les terrains propres à la culture du mûrier. Il consulta ses oracles, en reçut une réponse favorable et poursuivit alors son oeuvre.
Une pluie favorable ayant arrosé la terre, il dirigea son équipage dès le matin, avant la disparition de la constellation de l'oiseau de paradis, au milieu des plantations de mûriers et des champs cultivés. Il leur donna grands soins et dévouements. Il vit alors qu'il avait mené son oeuvre à bon terme.
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13 janvier 2009
La belle personne
C'est une très jolie fille qui cache sa beauté dans sa retraite. Elle devait m'attendre à l'angle des remparts. Je l'aime tant mais elle ne le voit pas ; je m'interroge, ne sachant que faire, n'osant que dire. Revenant des pâturages, cette fille très jolie qui cache sa beauté dans sa retraite, m'a rapporté de jeunes plantes, vraiment belles et peu banales. Jeunes plantes, ce n'est pas vous qui êtes belles ; mais vous êtes le don de cette belle personne.
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12 janvier 2009
La nostalgie de Y
La rivière W. prend sa source dans le pays de Y et se jette dans le fleuve K. J'envie son sort, car j'ai laissé beaucoup de nostalgie dans le pays de Y. J'y pense presque chaque jour. Mes amis, compagnons et parents sont restés dans le pays de Y.
Quand je suis venu ici, je me suis arrêté quelque jours à S. ; j'y ai bu le vin et y ai reçu les honneurs du festin d'adieu, puis ici, à G. celui de bienvenue. Quand je repartirai d'ici, je m'arrêterai quelques jours à K. ; là je boirai et recevrai les honneurs du festin d'adieu. Déjà j'entends que l'on graisse et que l'on arme les essieux ; la voiture s'emballera bien vite. J'arriverai alors au pays de Y et je boirai et recevrai les honneurs du festin accueillant l'enfant prodigue. Je pense à ce retour et je soupire sans cesse après le bonheur de revoir le pays de Y. Je pense aux villes de S. et de T., leur souvenir occupe toujours mon esprit.
Que ne puis-je monter dès aujourd'hui en voiture, partir, et vite dissiper ma nostalgie !
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11 janvier 2009
La pantomime murmurée
Sans façon, sans gêne, sans tenir compte de la difficulté à s'exposer en public, me voici prêt à exécuter une prestation spectaculaire. La nuit est déjà profonde, la lune éclaicit les coursives ; je suis sur le devant de la scène à l'endroit le plus élevé. D'une taille que j'essaye de faire paraître grande et imposante, j'exécute dans la cour du palais différentes pantomimes et les accompagne de chants que je laisse échapper en murmures. Je suis fort comme un tigre ; les rênes des chevaux sont comme des rubans entre mes doigts ; je conduits la foule. De la main gauche je tiens une flûte, et de la droite un sabre. Mon visage est blanc peint. Le prince des lieux ordonne de m'offrir une coupe de vin en récompense.
La gentiane croît sur les montagnes et la réglisse dans les endroits marécageux. Chaque plante trouve le lieu qui lui convient. Tout homme recherche un emploi en rapport avec ses aptitudes.
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